Lettre du DPCPublié le 29 octobre 2018

Note : Les opinions exprimées ici sont celles du Dr Alireza Jalali et ne représentent pas nécessairement celles de l’Association canadienne de protection médicale (ACPM).

 

Les médias sociaux sont de plus en plus utilisés dans les domaines de l’éducation médicale, de la recherche et de la promotion des droits des patients. Les médias sociaux offrent aux professionnels de la santé des possibilités et des solutions de rechange novatrices pour échanger des renseignements et les facultés de médecine s’en servent pour enrichir la formation médicale des stagiaires et des résidents. Bien que les médias sociaux puissent offrir ces avantages, il est important de prévoir des mesures de protection pour veiller à ce que les renseignements personnels sur la santé des patients soient protégés et demeurent confidentiels comme le veut un comportement professionnel responsable.

Lors d’un entretien avec l’Association canadienne de protection médicale (ACPM), le Dr Alireza (Ali) Jalali, professeur, chercheur et conseiller en médias sociaux, a décrit le processus auquel il a recours lorsqu’il utilise les médias sociaux pour enseigner l’anatomie à ses étudiants. Le Dr Ali Jalali est chef de la Division d’anatomie clinique et fonctionnelle au Département d’innovation en éducation médicale de l’Université d’Ottawa.

 

Q : Selon vous, comment les médias sociaux ont-ils changé le milieu d’apprentissage?

R : Je vois mes étudiants créer des groupes sur Facebook ou utiliser Google Documents pour étudier entre eux. Le monde numérique dans lequel nous vivons leur permet de travailler ensemble même s’ils ne sont pas dans la même pièce, à plus forte raison dans la même ville.

 

Q : Comment avez-vous commencé à utiliser les médias sociaux pour enseigner?

R : Autrefois, je donnais des cours en classe et j’apprenais aux étudiants tous les muscles qui composent l’avant-bras, par exemple. Lorsque je donnais des cours magistraux et que j’envoyais les étudiants à la maison pour mémoriser la matière, ils n’avaient pas la possibilité d’obtenir l’information en temps réel.

J’ai décidé de commencer à produire des vidéos sur YouTube et des balados à l’intention des étudiants afin de remplacer ce type de cours. Je veille à ce que le contenu ne dépasse pas 20 minutes et les étudiants doivent visionner les vidéos avant de se rendre au laboratoire d’anatomie. Cette approche m’a permis de créer une « classe inversée » où je fais un exposé de 5 à 10 minutes au début, puis j’invite les étudiants à poser des questions. Je crois que cela fait passer l’éducation à un niveau supérieur et facilite l’apprentissage actif. J’ai aussi constaté que je reçois moins de questions des étudiants et j’observe qu’ils participent davantage à la classe.

 

Q : Ce genre d’interaction avec les étudiants leur permet-il d’obtenir de meilleurs résultats, retiennent-ils mieux les principes et l’information?

R : L’Association des facultés de médecine du Canada (AFMC) mène un sondage[1] chaque année auprès d’étudiants en quatrième année de médecine, des étudiants auxquels je n’ai pas enseigné depuis deux ans. Les répondants de la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa accordent une meilleure note que la moyenne des facultés de médecine du Canada à la question : « Les cours d’anatomie que vous avez reçus vous ont-ils bien préparés pour le travail clinique? ».

Un facteur important à considérer est que ce style d’enseignement aide les étudiants à risque d’échec[2]. Ces étudiants se rendent compte beaucoup plus tôt de l’insuffisance de leurs connaissances et peuvent, par conséquent, redoubler d’efforts dans ces domaines.

 

Q : Lorsque les étudiants commencent à voir des patients, rencontrez-vous des problèmes en matière de protection des renseignements personnels?

  1. : Il est important que les résidents et les autres médecins sachent que, même lorsqu’ils utilisent les médias sociaux, ils sont toujours tenus de respecter les normes de professionnalisme les plus élevées. Le Guide des bonnes pratiques de l’ACPM contient une section utile sur ce sujet : Médias sociaux – Partager de manière responsable.

Les étudiants savent qu’ils ne doivent pas prendre les patients en photo ou utiliser leur nom, mais ils ne sont pas toujours conscients de certains risques liés à la protection des renseignements personnels. Le site web de l’ACPM et le Guide des bonnes pratiques de l’ACPM contiennent tous deux de précieux renseignements sur la protection des renseignements personnels.

 

Le DAlireza Jalali est chef de la Division d’anatomie clinique et fonctionnelle au Département d’innovation en éducation médicale à l’Université d’Ottawa. Il détient un doctorat en médecine et un diplôme d’études spécialisées en médecine du sport de l’Université de Liège en Belgique. Depuis son arrivée à l’Université d’Ottawa en 2003, il a mis sur pied un programme actif de recherche portant sur les usages et l’utilité des innovations en éducation : baladodiffusion, YouTube, méthode d’apprentissage en équipe, médias sociaux et impressions 3D. Il est conseiller en réseaux sociaux auprès du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada.

 

Suggestions de lecture

Avis de non-responsabilité :

Les renseignements contenus dans cette publication sont présentés uniquement à des fins éducatives générales; ils ne constituent pas des conseils professionnels précis de nature juridique ou médicale ni une « norme de pratique » pour les professionnels de la santé canadiens. L’utilisation des ressources d’apprentissage de l’ACPM est assujettie à ce qui précède ainsi qu’à l’avis de non-responsabilité qui se trouve à www.cmpa-acpm.ca; voir sur le site de l’ACPM les « Conditions d’utilisation » au bas de la page.

[1] L’Association des facultés de médecine du Canada [en ligne], Ottawa (CA); 2017. Questionnaire à l’intention des diplômés de l’AFMC [cité en juin 2018]. Disponible sur : https://afmc.ca/fr/publications/questionnaire-à-l’intention-des-diplômés-de-l’afmc

[2] Azzi, A.J., Ramnanan, J.J., Smith, J. et coll., « To quiz or not to quiz: Formative tests help detect students at risk of failing the clinical anatomy course », Anat Sci Educ [en ligne], vol. 8, no 5, 16 septembre 2014 [cité en juin 2018], p. 413-420. Disponible sur : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ase.1488, doi : 10.1002/ase.1488

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